Les larmes d'une séparation que je n'aurais jamais cru possible

Chaque jour, depuis notre petite maison de terre rouge située à la périphérie de Cotonou, je regardais les lumières scintillantes de la ville s'éteindre lentement. Dès que les dernières étoiles disparaissaient, je me tournais vers elle, ma bien-aimée, dont les yeux reflétaient la noirceur de l'océan Atlantique à la tombée de la nuit. Ce soir-là, les effluves de la lagune de Cotonou, mêlés à l'odeur de sa peau, avaient une amertume que je n'avais jamais ressentie auparavant.

"Mon amour, dois-je partir ?", elle me demanda d'une voix douce mais terrorisée. Le mot "partir" résonna dans mes oreilles comme un tonnerre lointain, menaçant et implacable. Elle était médecin, sa présence était requise dans le nord du pays, où une épidémie de fièvre jaune sévissait. J'étais un simple enseignant, incapable de la suivre dans ce combat.

"Tu es nécessaire là-bas, tu dois y aller." Les mots sortirent de ma bouche comme une sentence. Je sentis une larme chaude rouler sur ma joue, se mêlant à la sueur de cette nuit étouffante. Elle leva la main pour essuyer ma joue, et je vis l'éclat argenté de nos promesses de mariage à nos doigts.

Le lendemain, je la regardais s'éloigner dans le taxi-brousse bondé qui la conduirait au nord. J'étais resté planté là, sur le seuil de notre maison, incapable de bouger, de parler, de pleurer. Les larmes s'étaient taris, laissant place à une sécheresse désertique qui s'étendait à travers mon âme.

Aujourd'hui, je suis assis seul dans notre maison silencieuse, regardant les lumières de Cotonou s'éteindre une fois de plus. Les nouvelles de la fièvre jaune sont de plus en plus alarmantes. Je me demande si j'ai fait le bon choix. Aurais-je dû la retenir ? Est-ce que l'amour que l'on porte à quelqu'un doit nous pousser à l'éloigner pour le bien des autres ?